Mardi
05 Juin 2001
Mardi
05 Juin 2001
"S'aimer profondément, indissolublement - évidemment, oui, c'est beaucoup, mais c'est quand même se contenter de peu."
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*C'était quelques perles de Sacha Guitry…*
16h34 : Quoi ???
Je pars dans une demie heure et j’ai l’impression d’arriver à peine ! Mais qu’ai-je donc fait de ma journée à part lire, rire, manger, surfer et écrire des mails ? Rien ! Great ! J’aime ce job, prions pour que j’y reste ! C’est une aubaine que d’être payée pour se foutre du monde comme ça ! Héhé… Remarquez, plus les journées passent vite plus tôt je serais à Montréal ! Argh… 10 secondes de plus se sont écoulées ! Quand je me vois objectivement : rouge, grosse et la tête plein de mille choses à ne surtout pas oublier de faire, je me donne l’impression d’être une tomate farcie ! Arf… Je me suis couchée dans l’euphorie d’un mirage et me suis réveillée lucide et… crevée ! ça m’apprendra à m’endormir devant Dawson à 1h06 du matin ! (si c’est pas pitoyable à mon âge de regarder ces bêtises d’ado au dodo :o) Ce matin, en traversant la Seine, un parfum d’églantine virvoltait dans l’air, comme si une rose se tenait là… En fait, le délicat parfum semblait sortir tout droit de ma poche, j’ai souris. Bientôt me disais-je, bientôt, j’aurai atteint la fin de ce chemin obscur et boueux et je marcherai dans le grand soleil au milieu des fougères…
J’aime organiser mes voyages. J’aime organiser tout court. En général les choses ne se passent jamais aussi bien que dans mes rêves et le meilleur moment, pour moi, consiste à les préparer. Lors d’une soirée comme celle passée au Batofar samedi soir, le meilleur (et je le savais) était sans conteste "l’avant", le moment où, avec Carry j’essayais plein de fringues, je me faisais la plus jolie possible, je rêvais à ce que me réservait ma soirée… Pour le voyage, même si je sais que tout va extrêmement bien se passer et que je n’ai plus aucune appréhension, j’ai besoin de me réjouir à l’avance des rencontres que je vais faire, de comploter des sorties, des rendez-vous secrets, j’ai besoin de m’en faire toute une histoire, de penser et repenser les activités prévues, les vivre par avance pour les vivre plus intensément plus tard étant donné que j’aurais eu l’entraînement imaginatif avant :o) Un peu comme si je lisais un livre exprès avant de voir un film. Je le vis pleinement deux fois. Et puis… Je suis d’un naturel angoissé vous le savez bien. J’ai du mal à me protéger de la souffrance autrement qu’en planifiant ma vie dans des filets sécurisants. J’ai vu tant de mal arriver près de moi par insouciance, imprudence, inconscience… S’il ne m’est rien arrivé de "grave" c’est peut être aussi parce que j’ai toujours su me sauver de ces situations alarmantes avant même qu’elles ne pensent à arriver. Oh, à n’en point douter, je suis passée très certainement à côté de merveilleuses et frissonnantes escapades mais je suis là, bien heureuse, saine et sauve et je ne regrette pas mon intuition qui m’a si souvent servie de canne blanche dans les méandres de sombres ruelles...
C’est dans ma nature que de créer dans un mouchoir de contrainte. Demandez moi d’imaginer une publicité piquante et hors du commun pour une marque que condamnent 10 000 lois et je vous le fais en un tour de main. C’est mon job. Pour les hommes c’est pareil et les voyages aussi. Je sais saisir l’instant, mais n’importe quel instant et même celui plus difficile à attraper : l’instant prévu, celui sans surprise, celui dont on attend rien. Dans cet instant où je sais que je suis en sécurité dans un cocon de principes et d’aventures prémâchées, j’arrive pourtant à créer un événement : l’Evénement ! Avec trois rubans je fais une tour Eiffel, 10 mots, un poème. Pourquoi diable faut-il toujours que l’inconnu entre en jeu pour se droguer d’émotions ? Je me nourris d’une goutte d’eau que je regarde fondre et voyage à 1000 à l’heure dans l’inconnu de ma tête sauvage. Sûr que ce voyage sera une aventure (tant intérieure qu’extérieure) mais "bien préparée" et rassurée que je serais de savoir "en gros" où je vais et avec qui je vais, je ne le goûterai que plus. Il conserva le sel des voyages, des terres nouvelles. Mais je serai prête à tout recevoir pleinement !
18h27 : Ouf, la maison.
J'avoue que je n'étais pas mécontente de rentrer en bus, lovée près d'une fenêtre avec mon nouveau Anne Rice (un peu cochon je suis forcée de le reconnaître ;o) Ce midi, Mister J m'a fait le plaisir de déjeuner en ma compagnie. J'ai eu, une fois de plus les yeux plus gros que le ventre et ai finalement picoré mes gnocchis au pesto et mon trop gras crumble pommes /cannelle /rhubarbe... J'avais promis que je le noterai : un vendeur de tapis nous a proposé ses services... Si ses tapis étaient volant et munis de cartes Michelin, j'en aurais volontiers pris un beau bleu pour m'envoler sur l'heure au Québec ! :o) Aujourd'hui le CPPM a mis une chemise orange. J'ai trouvé cela atroce. Alice le trouve beau dedans... Pas de doute, elle est amoureuse ;o) Dans le bus, non loin de moi, un beau futur avocat feuillette un gros bouquin sur le sénat. Ses yeux sont d'un bleu aussi profond que son sourire est tendre. L'envie subite me prends de lui faire le coup du papier griffonné de mon numéro de portable... Ce dernier se met à sonner, c'est Chiara... Tant pis, je tomberai amoureuse demain d'un autre et cela sera très bien ainsi. J'ai toujours plus aimé l'amour que les hommes. Encore une histoire d'organisation ou de crainte de souffrir je suppose... J'ai envie de m'enfouir toute entière dans un silo de grain... Comme quand j'étais petite dans la ferme de madame Gilson à Villebéon où je restais des heures à sentir couler entre mes doigts les grains de blé comme autant de perles pour la little princess que j'étais...
Il suffit pour aujourd'hui des confidences pour aujourd'hui. Bonne nuit.
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