Samedi 15 Décembre 2001

"Quiconque veut donc fixer un époux ou un amant, doit lui laisser toujours quelque chose à désirer; 

chaque jour lui doit promettre quelque nouveauté pour le lendemain"

Saint-Evremond à Ninon de Lenclos


15h51 : Non yé né vou é pas oubliééé, vou yetes touyours mes préférééés

Je n'ai pas vu passer la journée d'hier. Elle fut si riche d'évènements que j'en ai presque oublié que j'avais un journal à tenir ;o) Tout à commencé à l'aube du 14 décembre... Il faisait -4° quand maman m'a déposée devant l'agence de Nicole. Les pipis de chien se transformaient en patinette et mon nez en stalactite. Fort heureusement, Nicole est arrivée elle aussi en avance et en attendant la "cliente", nous avons toutes deux signé mon contrat (!) et elle m'a remise mon chèque en € (la moitié de la somme totale ! I'm a rich glitter girl :o)) Voilà 5 mois que je n'avais rien palpé d'aussi excitant que ce chèque :o) Nous avons pris un petit thé et la "cliente", que nous nommerons Gladys (parce que je n'aime pas ce prénom), est arrivée. Une vraie pimbêche pure souche de 25 ans cette Gladys ! Le teint clair et l'air con, extrêmement petite-bourgeoise-études-de-commerce-qui-se-la-pète ! (dans mon corps les pia pia pia :o) Super tatillonne elle a repris chacun de mes mots, a trouvé que mes idées de pirates lui faisaient peur et a fait sa chochotte en détruisant d'un coup de talon Gucci la partie la plus créative de mon travail. Damned ce que ces commerciaux ne savent pas rire ! J'ai défendu mon bifteck et en ai sauvé les 3/4... Mais j'ai du pain sur la planche jusqu'à jeudi prochain ! A midi, Nicole m'a laissée finir seule avec Gladys la chieuse, me prouvant une fois de plus sa confiance et son amitié. Enfin, voyant que j'allais être en retard à notre Tea time, je suis passée prendre Alice chez elle pour l'inviter au resto-à-pizza, après avoir déposé mon précieux chèque à la banque et après avoir récupéré, par la même occasion, un sachet de 15 € 24 (pour une valeur de 100 F) puisqu'il parait qu'il faut bien commencer à s'habituer à ces pièces en chocolat avant qu'on s'en serve "pour de vrai" le 1er janvier 2002 (comme ça me gonfle c't'histoire !)

 

Après le déjeuner, nous sommes allées ramener ma cassette et nous avons retrouvé Annab en bas de chez moi. Nous sommes vite montées nous réchauffer les bronches à coups de clops, de thé, et de croquants aux amandes. Autant dire que le QG-Réunion du nouvel an s'est fait chez moi et que ma moquette a recueilli les bôôôôs plans d'Annab ainsi que toutes ses listes impeccablement tapées sur Excell. Alice est rentrée chez elle se faire belle pour notre soirée et Annab m'a quittée pour faire de même 1 heure ou deux plus tard. Entre temps, Cédric s'est pointé sur le net pour s'excuser de son "plantage" de la veille. En effet il a passé l'après midi d'avant hier à la fourrière à suer sang, eau, et fric pour récupérer sa Porsche... Oh, mais c'est qu'on le plaindrait presque :o) (Au moins, j'ai mon explication, mes excuses et la quasi certitude de le revoir le soir en boite...) Mes copines m'ayant grandement aidée à me trouver une tenue complète pour la soirée, je n'ai plus eu qu'à attendre le retour d'Alice à 19h en grignotant de la pita tartinée d'houmous. Quand Alice est arrivée, nous avons essayé de dîner, et nous avons pris notre bus habituel direction chez Annab et Jules. Je vous passe le "before" : brushing, rigolade, maquillage, habillage, relookage (pour tout le monde, Jules est très soucieux de l'apparence "back room" :o)) et nous sommes allés retrouver Thalie et son chéri au Drugstore P. Cocktails pour quasi tout le monde, les conversations ont beaucoup tourné autour de la glitter attitude... A ma grande surprise le mot de passe nous a encore ouvert le sésame de la nuit (et nous étions 6 !!) et à l'intérieur du carré bondé vip de la boite nous avons rencontré une autre partie de la troupe pour qui le mot de passe avait également fonctionné : Lisa et Néo, plus beaux que jamais ! Ne manquait à notre troupe de danseurs que le couple d'amis d'Alice et bien entendu... Cédric and C° !

 

C'est vers 2h du matin que, le cherchant du regard dans la foule compacte des happy few, je me suis aperçue dans un terrible haut le cœur qu'il était juste, juste, juste à côté de moi... Un choc à en perdre ma dernière bretelle de haut asymétrique ! Je lui ai tendu ma main pour un baise menotte (po mal c't'idée, nan ?) et lui me la serrée en se marrant... Bof, ça commencait pas fort cette histoire... Hum... Ensuite la barmaid les ont dirigé, lui et ses amis vers leur table amenant dans son sillage glaçons, whisky et

autres accompagnements. Je me suis sentie "comme en plan" et je me suis mise à faire méchamment la tête. Pauvre Alice qui a tout tenté (jusqu'à me faire des bisous dans le cou pour me faire sourire) Le soufflet était retombé et j'oscillais entre colère et larmes... C'est en rejoignant l'autre dance floor que j'ai croisé Lisa et Néo qui s'en allaient. J'avais beaucoup de mal à effacer la déception cuisante que je ressentais à mes amis et je me sentais coupable de ne pas m'être un peu plus occupée d'eux :o(. J'espère qu'ils ne m'en veulent pas trop ;o) Ce fut ensuite au tour de Thalie et son boy friend (trop, trop, gentil) de nous quitter. Je ne me sentais vraiment pas vaillante quand je suis allée trouvée mes fidèles Alice, Annab et Jules. Après quelques pas de danse pas très convaincus, nous avons rejoint la salle de Cédric. Bon sang que c'est fatiguant de faire croire à un homme que l'on est une fille qui s'amuse sans lui, qui rit aux éclats et qui allume tout le monde lorsque la seule envie qu'elle ait est de se lover dans ses bras ! C'est pourtant ce que j'ai fait après avoir bu cul sec une coupe de champagne au goût aigre. Bien sûr, à part à celui de Cédric, j'étais plutôt hier soir au goût de pas mal d'autres gars ce qui m'a permis d'endosser le rôle de la fille courtisée qui se fout de tout. Je savais que Cédric, de sa banquette, n'en perdait pas une miette... Et puis totalement essoufflée et rayonnante je suis allée m'assoire cavalièrement à côté de lui en pensant très fort que cette minute-là allait être décisive...

 

Elle le fut en effet. Je lui demandais notamment pourquoi il cultivait cette snob attitude du "trop peu", je rajoutais ma théorie bien connue sur le fait qu'à trop se laisser désirer on pouvait craindre de se faire remplacer voire oublier... Nous avons fait donc semblant de jouer carte sur table et j'ai à mon tour endossé l'habit de la parfaite menteuse (chacun son tour après tout !) Grosso modo il m'a dit que s'il était une fille il ne se recommanderait pas trop, que ce n'était pas un gars sérieux, que si nous continuions notre manège nous allions nous embrasser, coucher ensemble et qu'au petit matin nous serions très mal à l'aise de ne nous quitter sans nous retourner. Hum. Dc Ross, on le perd, on le perd, faites lui des électrochocs !!!! Ok... A mon tour de jouer ! Perdu pour perdu autant lui donner une leçon ! Je lui ai dit : "mais qui te dit que ce n'est pas exactement ce que je recherche ? Qui te dit que je n'aspire pas qu'à une seule nuit de coucheries sans sentiments aucun et surtout sans lendemain ? Me crois tu naïve au point de penser faire quelque chose de sérieux avec toi ? Ha ha ha ! Mais tu es volage, fuyant et distant !". Wow, 3 points, il est resté comme deux ronds de flan ! Je continuais sur ma lancée : "Si je suis là c'est pas pour attendre trois heures que tu me parles ! Alors, on fait quoi maintenant ? Trois mots et la bise ou tu m'embrasses enfin ?" ça n'a pas loupé, héhé, il m'a fait un énOrme bisou à la française ;o) C'était purement énoOorme :o)) Et puis il a dit : "alors on se casse ?" (style : "tu viens chez moi poupée ?") et là j'ai eu l'impression qu'il ne m'avait pas cru. J'en ai rajouté une couche... "Attend, chez toi y'a ton cousin et en plus maintenant y'a Ronan qui y vit aussi depuis que sa copine l'a quitté ! Je ne coucherai pas avec toi dans ces conditions ! Allons plutôt... à l'hôtel !" 10 points pour la tête de 100 mètres de long qu'il a tirée ! Arf... J'étais tellement écœurée que mon air était on ne peut plus sérieux ! Cédric m'a dit qu'il n'en croyait pas ses oreilles, qu'il n'avait jamais imaginé que j'étais capable de penser faire une chose pareille ! (Le coup de la fille avant-gardiste qui prend les devants de manière libérée on avait pas du lui faire récemment !) Et tout à coup la magie est apparue... Du mec sûr de lui, plein de provoc qui, 5 minutes à peine avant disait ne me considérer que comme un objet sexuel qui n'avait même pas le goût de peiner, s'est transformé en type offusqué qui m'a fait tout un laïus sur le fait qu'il préférait "juste dormir" avec moi sans coucher, que lui avait des "sentiments" à la différence de l'hydre à trois têtes que j'étais (j'invente là, arf, il a pas dit ça texto :o) et c'est ainsi qu'il m'a embrassé encore une fois en me demandant si je voulais bien "juste dormir chez lui". Bon, y'avait toujours Ronan et le cousin mais puisque ce n'était pas pour faire des trucs cochons, pensais-je... Je laissais Alice et son couple d'amis enfin retrouvé (mais bourrés) rentrer chez eux et suivais Cédric chez lui. A peine sortis (morts de froid instantanément ! Il faisait -10° !!!!!!!) il a baissé mon col roulé cache nez que je portais sous les yeux et m'a embrassé de nouveau très fougueusement. Je dirais même que c'est ce baiser là que j'ai préféré entre tous tellement cette chaleur partagé au milieu de la Sibérie ambiante était exaltante et sensuelle !

 

Un peu pleine de trouille de me faire prendre à mon propre bluff je le suivis tout de même dans le taxi. Tout le chemin (rapide) se fit dans la bonne humeur et une fois arrivée devant sa porte d'entrée, je n'en menais de nouveau pas bien large... Sur la pointe des pieds il m'emmena dans sa jolie petite chambre en charmant désordre où trônaient deux belles guitares au milieu d'un monceau de chemises ultra chics et son attitude changea. D'une voix douce et attentionnée il sorti d'un tiroir un caleçon et un polo Eden Park et me les tendis à me disant : "c'est bien chaud, tu ne devrais pas avoir froid. Pour te changer la salle de bain est là" Morte de rire je lui dis que j'ai l'impression d'être chez ma correspondante allemande de 5è. Il me répond en allemand que c'est un plaisir de me recevoir ;o) Je mets une demie heure à trembloter dans la salle de bain en reluquant son "Pour Monsieur" de Chanel (Ahhhh je savais bien que je connaissais son parfum !), à enfiler ma tenue de nuit, à pincer mes joues pour leurs redonner des couleurs etc... et je le rejoins dans sa chambre... Monsieur Cédric, loin de me faire le coup de l'étalon italien m'attendant en travers du lit vêtu d'un string rouge, est plutôt confortablement assis sous la couette, du côté gauche, les oreillers bien calés, en train de lire un roman policier ! Arf... Un chti mari de chéri tout mimi :o) Complètement terrorisée je m'en sors par une blague avant de me fourrer sous la couette à ses côtés : "il y a pire que de coucher avec un inconnu ! C'est de porter le caleçon d'un inconnu !" Arf... Nous avons parlé longtemps en chuchotant sur le ventre, tête contre tête, d'enfants, de boulot, de relations et finalement je lui ai demandé si, quand il dormait avec une fille, il était toujours comme "ça". Il me réponds "comment ça comme "ça" ? A 20 cm l'un de l'autre tu veux dire ? :o)" Vi, c'était "ça" que je voulais dire... Il est alors venu me prendre dans ses bras et j'ai cru que j'allais tout bêtement m'évanouir. J'entendais déjà un type dire au loin "je vais compter jusqu'à 4 et vous vous réveillerez miss Scrib" arf. Bien entendu, nous nous sommes embrassés comme de raison (enfin c'était pas du tout un baiser raisonnable ;o) Et ça a duré comme ça, entre bras, baisers, chuchotis et sourires jusqu'à ce que nous n'en puissions plus et que... Nous nous endormions ! Parce que non, sa main n'est jamais allée plus loin que le long de mon dos (sous le t shirt cela dit ;o) et la mienne n'a rien fait de pire que de presser la sienne ou de faire courir mes doigts dans ses cheveux si doux.

 

Je me suis assoupie la tête sur son cœur, sa main dans la mienne, et lui ai glissé dans un sourire que ce moment-là valait tous les tours en Porsche du monde :o) -voui, voui, j'avoue, j'ai un peu baissé ma garde sur ce coup-là ;o)- Je me suis réveillée tous les quarts d'heure en me disant, c'est pas possible, je ne suis pas là ! Je tournais la tête, le regardais faire dodo et je me disais "Damned ! Si !" Quelques heures plus tard, réveillée par les chants de Noël hurlés par les hauts parleurs dehors, par les bruits de la maison et surtout par le velux qui me plongeait sa lumière naturelle et pourtant cruelle tout droit dans l'œil, j'ai entendu Cédric se lever. Là, je me suis sentie super mal... Je me suis dite, voilà, le rêve est fini, rentre vite chez toi, en passant par la fenêtre si possible car tu ne seras jamais capable de croiser le regard de Ronan et du cousin !! Cédric est revenu s'étendre, il m'a demandé si j'avais bien dormi... Nous avons eu beaucoup de mal à nous regarder et finalement après m'avoir sorti un gros paquet de blagues pour me faire rire et lever il m'a laissé sa chambre pour me changer. Je me suis habillée en vitesse et quand il est revenue j'était toute prête en train de jouer (l'air de rien) à un jeu sur mon téléphone. Il m'a présenté son cousin, j'ai ri en voyant la tête hallucinée de Ronan lorsqu'il m'aperçu à son tour et nous sommes partis, malheureusement à trois puisque Cédric devait ramener Ronan à son ancien appartement pour récupérer des affaires... J'avais beau être dans cette belle voiture, j'avais beau avoir passé une nuit pleine de tendresse, Cédric avait beau me lancer des sourires et des oeillades complices, j'étais totalement, tragiquement... Triste. Triste que le jour se soit finalement levé, triste qu'il ait une soirée d'anniversaire sans moi ce soir, triste de le voir partir lundi pour 8 jours au Cap Vert dimanche, triste de me dire qu'il ne viendrait peut être pas au nouvel an... Triste enfin de savoir que dès le 1 février, sans doute, il quitterait Paris pour Bruxelles... Il eût donc beau faire des accélérations dans le but de déclencher mes "gloussements" (comme il dit) je ne gloussais plus. Arrivés en bas de chez moi, Ronan me laissa descendre en sortant de la voiture où nous n'étions désormais plus que deux, et je n'eus que la présence d'esprit de remercier Cédric pour son "hospitalité" avant de descendre à mon tour de la voiture, sans une bise, sans un baiser, sans un mot (de trop sans doute...)

 

C'est donc complètement assommée de fatigue et remplie de "trop peu" que je tournais la clé de mon appartement vide vers 13h. Maman est en vadrouille, papa en bretagne. Mathieu (ce revenant impuissant) me propose de venir chez lui chercher mes livres. Ah bah là, ça ne va pas être possible, spess de naze, je passerai demain ou un autre jour ! Aujourd'hui je reste avec mes souvenirs et les sanglots longs des violons de l'Automne... Depuis mon retour j'ai pris une grosse douche brûlante, enfilé un pyjama chaud, me suis faite deux cafés et ai avalé avec peine un yaourt 0% aux céréales. J'ai mis la bande originale de Gladiator sur les platines (seul le classique console du "trop peu") et après avoir eu Alice et Annabelle au téléphone je me suis mise au clavier pour écrire et donc garder "éternellement" le souvenir de cette nuit glaciale passée aux creux de ses bras chauds... Je sais qu'il n'y en aura pas d'autres. Je le sais. Ne me demandez pas comment. Je le sais.

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