Vendredi 17 Novembre
"Les OVNI n'existent pas : les objets volants non identifiés ne sont que
des illusions créées à distance par des extraterrestres" J. Bergier
12h33 : Maman, Chiara, Rob, Russel, Daphné, Thalie, tout mes chez amis (et même Bécassine)... Vous me manquez tant !!!... J'ai un vieux coup de blues qui m'a compressé le coeur dès le matin... Je me suis réveillé et j'ai pleuré de me réveiller là, avec ce ciel gris foncé, cette mer pleine de rage écumante, ce froid qui transperçait mon pyjama... Silvio n'a comme toujours rien compris... J'ai pris mon thé comme une demeurée, le front tantôt collé à la vitre, tantôt l'oeil hagard... Et il est parti, une fois de plus, initier sa mère aux joies de l'informatique... Rentrera il ce midi, ce soir ? Je n'en sais rien du tout... De toute façons, je m'en fiche ! Je préfère être seule pour broyer du noir...
J'ai des envies de fuite... Fuite en avion, là hop ! Comme un oiseau... Je vais plutôt prendre une bonne douche chaude et lire un peu au coin du chauffage (à défaut du feu) en attendant que la vie m'apporte une surprise que je n'ai plus la force d'aller chercher toute seule... (bon, d'accord je vais peut être pousser jusqu'à la boite au lettres... ;o), je reviens tout à l'heure, soyez en sûr...
13h25 : J'aimerai que tout ce que je vais écrire ici le soit déjà tant ce sujet me pèse...
Quand je lis les journaux de L'Impérial et de Loomina je me souviens moi aussi de ces longs et merveilleux moments de préparations psychologiques et corporelles auxquels je me livrais le vendredi avant de retrouver mon Silvio pour passer le week end avec lui... Et j'ai de la peine de voir que c'est moments sont loin et peut être même morts...
Tout d'abord, avant de me lancer dans le roman fleuve de ma relation avec lui, je voudrais répondre à une de vos interrogations... Non, bien sûr que non, Silvio ne lit pas ce journal ! D'abord parce qu'il s'en fout et n'est pas mon plus grand fan question "littérature" mais en plus il sait toujours à peu près de quoi je vais parler, surtout quand cela le concerne... Je suis très franche avec lui et tout ce que je couche ici sur son compte je lui ai déjà dit en "live". Pour le reste, il respecte mon "hobby" comme je m'efforce de respecter les siens. Il ne s'intéresse pas à la vie des diaristes et n'est pas curieux de nos petits secrets. La communication et l'introspection ne sont pas du tout ses dadas, tout cela lui passe pas mal au dessus de la tête, et c'est pour cette raison surtout que j'ai confiance en sa discrétion. Je suis intimement persuadée qu'il ne cherchera jamais à le lire. Par contre il connaît la page index de ce journal, son adresse et il m'a aidé à construire "techniquement" ce site, car je n'avais, au début de cette aventure, aucun savoir en la matière... Et maintenant, c'est moi qui l'aide à mettre son site en ligne, c'est un comble !
Tout à commencé en boite de nuit, une discothèque de banlieue parisienne où il était le roi de la piste, un genre de Travolta moderne qui subjuguait les minettes... Sans être particulièrement minette je suis tombée sous le charme... Moi qui détestais la techno, je m'y suis mise, qui détestais les fringues de pétasses, je m'y suis mise ;o)), qui détestais que mes sens se laissent aller à leurs plus bas instincts... BREF ! Pendant des mois (de fin octobre à début mars) j'ai traquée la "bête"... Chaque semaine, le vendredi j'y revenais, et je le regardais emballer tous les soirs une nouvelle conquête... C'est ça qu'il y avait de fou ! Il avait beau embrasser chaque soir une nouvelle "habituée", les autres qui voyaient ça ne le prenaient pas pour une merde et au contraire ne demandait qu'une chose : passer elles aussi à la moulinette... ! Il faut dire que c'est une rare beauté ce Silvio, et qu'habillé de vêtements moulants et de lumière, ses précieux pas de danse ne rendent pas les voeux de chasteté réalisables...
Il est venu danser derrière moi en ondulant très sensuellement le soir de ma fête d'anniversaire... Je venais d'avoir 24 ans, j'appris alors qu'il en avait 21... Il faisait des maths et moi je sortais de pub... Il ne m'a pas embrassé au terme de cette soirée... Nous nous sommes échangés nos numéros, appelés des heures durant (7h le premier soir) et avons décidés de nous revoir à l'extérieur... là, j'ai eu un choc, les lumières de la boite, les habits, bref, tous les artifices enlevés, il était certes bien plus banal surtout mort de timidité... ça, ça m'a refroidi immédiatement ! Cette soirée fut un fiasco total ! Mais comme nous nous étions tout de même parfaitement entendu, nous décidâmes de rester amis malgré la déconfiture subie... ;o) C'est alors que nous devîmes Jules et Jim, Bonnie et Clyde, Laurel et Hardy ... ! Inséparables ! La drague mise de côté, la sensibilité enfin offerte, nous passions pour les meilleurs amis du monde ! Il me présenta ses compères de "vendredi soir" et nous sortîmes tous ensemble pour des nuits endiablées !... Je retrouvais chaque vendredi soir "l'éphèbe casanova" et la semaine, mon "vieux frère" avec qui j'allais faire les magasins, avec qui je dormais parfois lors de nos soirées complices, peuplées de fou rires... Mais avec qui il ne se passait jamais rien de sexuel ni amoureux... Juste une grande complicité et des tonnes de confessions ! Il m'expliqua alors qu'il ne revoyait jamais les filles qu'il embrassait, que ce n'était qu'un jeu de séduction visant à oublier une peine d'amour.... Sauf qu'au fur et à mesure que je le fréquentais et que je passais littéralement ma vie à ces côtés (au point que nos familles croyait que nous allions nous marier, ce que pour des raisons de tranquillité nous ne démentions pas) j'en vins à éprouver un profond et sincère amour à son encontre... Tout le monde le remarquait sauf lui... Ou peut être ne voulait il pas le voir ?... Le fait est qu'un soir de mai où j'avais un peu trop bu de Champagne, j'essayais de passer la "seconde" avec mon meilleur ami... Je me suis faite jetée en beauté... En juillet, mon flirt de l'époque s'est tué en moto (Bisou mon Stéphane du haut de ton ciel !...), et la mère de Silvio a emménagé en corse. Silvio s'est retrouvé parachuté chez ses grands parents... Toutes ces épreuves nous ont encore rapprochées... Tant rapprochées, qu'en août, nous ne pouvions être plus proches ;o) !
Ce jour là, tous mes rêves d'amour se sont réalisés... J'étais enfin heureuse... Je donnais tout à cet amour : du temps, du sang, des larmes, des câlins et des sous... Il semblait toujours plus dur à apprivoiser... Il ne me disait pas de mots doux, ne m'appelait que par mon prénom et s'interdisait jusqu'au mot "je t'aime"... J'avais sans cesse peur qu'il regrette cette liberté dans laquelle il avait vécu si longtemps... Je me sentais vieille, pas à la hauteur de mon mignon minet... Puis il commença à se laisser aimer, aima se laisser câliner, apprécia le bonheur de partager enfin doutes et bonheurs avec une femme... Il commençait à saisir le sens du mot "couple" et à force de patience et d'amour inconditionnel il cicatrisa ses blessures et je retrouvais la sérénité... Personne, disait il, ne le comprenait mieux que moi, nous furent alors l'un pour l'autres des âmes soeurs... A Noël, je lui offrit une bague gravée symboliquement de son surnom de "scène", loin des clichés amoureux, pour lui montrer que je l'aimais tel quel, sans vouloir l'attacher à moi... Je retrouvais confiance en moi, en les hommes et en l'amour... Je renaissais...
Lors de notre première St valentin, je lui fabriquais de mes mains (et assisté par les moyens de l'agence de pub dans laquelle je faisais un stage) un petit carnet bourré d'anecdotes, d'images et de photos représentant le chemin parcouru depuis un an par mon amour solitaire pour lui, enfin récompensé... Lui m'offrit la nausée, le doute, l'incertitude, l'écoeurement...
Pour mes étrennes, cette année là, (janvier 99) maman m'offrit un ordinateur, celui sur lequel j'écris ces lignes... Un soir, donc, de mars 99, peu de temps après mon anniversaire (où je ne reçu aucun cadeau de Silvio, de même qu'à la st valentin...) alors que je découvrais aol, le nouveau logiciel que Silvio m'avait installé et qui me permettrait à mon tour d'aller sur internet, je tombais sur l'horreur à l'état brut... Silvio, qui avait aol depuis plusieurs années déjà (c'était aol 3.0 à l'époque) m'avait permis en plus de mon propre pseudo d'aller sur le sien pour en comprendre le fonctionnement... Ce pseudo, il s'en servait pour m'écrire des mots doux et télécharger quelques jeux... Seulement ce qu'il ignorait à l'époque c'est que je suis une fille très douée pour les moyens de communications... On me donne un jouet et en une seconde j'en maîtrise tous les rouages... Et c'est en allant sur son compte dans sa partie "connexions" que je réalisais qu'il y avait un autre compte "caché" dont j'ignorais l'existence... Ce pseudo, quand je le découvris, me fit monter le coeur aux lèvres... Il contenait des mails de dizaines de filles lui écrivant pour le féliciter de son beau corps musclé et de ses belles fesses... Je découvris aussi la fameuse photo qu'il leur envoyait : une photo d'Eric Roberts (mon acteur préféré, non pas pour ses qualités d'acteurs ;o)) avec des retouches photoshop ayant pour effet de remplacer la tête de l'acteur, nu en boxer short, par la tête de mon Silvio... J'étais atterrée et rien que de vous raconter ça j'en ai les mains qui tremblent...
Il nia tout en bloc, jusqu'au pseudo même... Il niait, alors que j'avais sa photo et ses connexions en détails sous les yeux, l'existence de ce double de lui même... Là, il me prenait foncièrement pour une conne ! Des heures plus tard, il avoua... Pour le jeu, pour rire, pour occuper ses nuits mais jamais oh grand jamais, il n'avait contacté ces filles par téléphone, ni même rencontré...
En me reconnectant un soir sur son compte, une fille m'a parlé me prenant pour lui... Je lui ai demandé son numéro prétextant des choses à lui dire... Non seulement elle me l'a donné mais en plus à précisé "tu l'as perdu depuis le pot qu'on a bu ?"... Je suis allée vomir dans la minute....
J'ai appelé cette fille, lui ai dit qui j'étais et j'ai appris qu'il lui avait montré une photo de moi avec lui en me faisant passer pour sa soeur, qu'il avait essayé désespérément de sortir avec elle mais qu'elle avait refusé, le trouvant trop jeune... Mon monde s'est écroulé... J'avais peur de revoir Silvio, je le prenais pour un fou souffrant de dédoublement de la personnalité... Il me semblait que ce garçon dont elle m'avait parlé ne pouvait pas être mon Silvio... Mon ami avant d'être mon amant, mon frère, mon tout, ne pouvait pas avoir fait une chose pareille...
Quand il a vu l'ampleur de ce que je savais, il est parti pour se tuer sur la route... Il s'est heureusement fait intercepter par la police qui l'a mis une journée en cellule devant son état de démence... C'est dans cette cellule qu'il m'a écrit une lettre. Cette lettre, la première que je recevais de lui, expliquait son geste... Il se disait trop heureux d'être avec moi et qu'il avait cherché sciemment à nous détruire avant que je l'abandonne à mon tour... Il voulait se punir de ce bonheur qu'il vivait avec moi... J'ai pardonné mais je n'ai jamais pu redevenir la même...
Pendant l'année qui a suivi cette histoire je suis devenue paranoïaque, j'étais constamment sur les nerfs... Je fouillais son ordinateur, le privais d'internet, fouillait son téléphone portable à la cherche de numéros suspects, retournais ses tiroirs, bref, devenais la pire des femmes ! J'étais enragée comme jamais je ne l'avais été avec personne... Notre couple a vécu une année bien difficile, dans les cris, les larmes et les bagarres mais à force de patience et d'amour, Silvio a regagné un peu de ma confiance...
Juste avant cet été 2000, Silvio arrivé au terme de ses deux années d'études supérieures a eu envie de faire un break, il disait vouloir assurer son examen de fin d'année en restant tout le temps à travailler seul chez lui, mais la véritable raison était qu'on s'ennuyait ensemble, on recommençait à s'engueuler pour un rien, on manquait l'un et l'autre d'amour sans avoir pour autant envie de s'en donner, je ne supportais plus de le voir gaspiller de l'argent en grand nombre pour des futilités alors que je voulais construire quelque chose de vrai avec lui et nous nous sommes séparés... J'ai vécu finalement très mal cette rupture... Heureusement que Rob, particulièrement, a été à mes côtés avec ses "soirées" magiques !! En juillet, nous nous sommes retrouvés, Silvio et moi, avec une passion toute nouvelle... Nous n'avions jamais connu une telle symbiose, un tel amour ! Enfin, nous nous étions retrouvé sur la même longueur d'ondes ! Il semblait revenir mûri de ce break, plus serein, plus fort aussi, prêt à corriger ses erreurs de jeunesse et à avancer concrètement vers l'avenir avec ma main dans la sienne... Je promis de cesser mes harcèlements et ma paranoïa...
Quelques jours après nos retrouvailles, alors que nos ordinateurs étaient en réseaux et que je cherchais dans ses cookies des traces d'un site sur lequel je voulais retourner, je tombais sur un cookie de caramail où je lus un morceau de mail qu'une fille avait envoyé à un pseudo qui ne pouvait être que celui de Silvio... Le pseudonyme de cette fille était "chattenfurie"... Imaginez le double dégoût, l'arrière goût amer qui s'est emparé de mes sens... Il avait recommencé...
Sans entrer de nouveau dans les détails sordides de ma trouvaille (entre autre un morceau de mail qu'il avait lui même rédigé et où on pouvait lire qu'il appelait une fille "princesse", petit mot doux dont il m'affublait parfois...) sachez que j'ai une fois de plus pardonné... Tous les morceaux de mails étaient datés de la période de notre break et sur caramail on pouvait aisément voir que le pseudo de Silvio avait été détruit le jour même de nos retrouvailles... Pour ces raisons j'ai décidé de laisser, une fois de plus, couler de l'eau sous les ponts malgré la douleur que je ressentais alors pour la deuxième fois...
Vous devez me prendre pour une folle de rester près de lui après tout ce gâchis... Je sais que vous avez raison... Croyez bien que je n'attendrai pas une troisième trahison pour prendre mes jambes à mon cou... J'ai de la peine pour lui plus qu'autre chose, c'est quelqu'un de profondément pessimiste qui a du mal à accepter le bonheur quand il le rencontre tellement il a été malheureux... Pourtant je m'efforce chaque jour de lui faire comprendre que ce n'est pas en gâchant tout ou encore en me faisant souffrir que sa peine s'atténuera...
J'a quant à moi, un caractère très difficile à supporter et j'ai bien peur d'avoir du mal à trouver de nouveau quelqu'un qui veuille de moi... Je préfère vivre sur mes acquis même s'ils sont frêles... J'ai bien trop peur de me planter encore une fois !... Mais j'ai de la peine de voir qu'à mon âge je n'ai toujours pas rencontré le grand bonheur... Celui qui donne envie de se faire belle de nouveau le vendredi, de faire de bébés et d'aimer jusqu'à son dernier souffle...
21h51 : Après vous avoir raconté cette douloureuse expérience, je me sens plus légère... Disons que le moral est remonté d'un cran... J'ai croisé ma Chiara sur le net, ma maman, Loomi qui m'a fait rire de bon coeur et vous tous qui me comblez par vos délicates attentions. Si aol voulait bien se donner la peine de se connecter, je pourrais dire que ça va vraiment mieux... Mais ce n'est pas le cas malheureusement...
Silvio m'a emmené faire les courses en passant par la case vidéo club (déprime oblige, je me suis loué Hurricane Carter, l'avenir me dira si Denzel joue toujours aussi juste dans ce film là ) et ce soir, à table, nous avons bu un gentil petit rosé en dégustant de bons petits croustillants au camembert et une fraîche laitue aux croûtons ailés... Je finis la soirée en croquant un ou deux crocodiles (Haribo c'est beau la vie, pour les grands et les petits ;o)) et en attendant qu'aol se connecte, je regarde les différentes "boulettes" de Laurent Boyer qui présente "les M6 Awards"... Pathétique... (pouffement de rire ;o) A plus tard mes amis
...et psssst... Continuez de faire péter l'compteur, ça me rend folle :o)) Wouhaouuuu !
01h14 : Je viens de verser une grosse grosse larme, là... De l'émotion pure...
Ma petite Hélène, ma Doune adorée, ma tite Québécoise d'amour que je lis depuis un an et qui m'a fait connaître le joli monde virtuel des diaristes, nous a quitté... Je ne veux pas dire qu'elle a quitté cette terre ! ça non, et c'est pas demain la veille vu la belle pêche qu'elle a, mais comme elle nous a dit adieu, à nous ses fidèles lecteurs du net, je considère ça comme une petite mort...
C'est pour cette raison que quand Silvio et moi sommes tombés sur sa page "d'au revoir" ce soir, nous avons eu le coeur serré... C'est dingue quand même !! Elle est pourtant toujours là, et ses motifs d'arrêt sont nobles : elle arrête pour faire encore plus de choses, elle qui a tant d'idées et qui s'est toujours plainte de ne jamais avoir les heures pour les réaliser... Maintenant, elle les aura, ses heures !!... Mais moi, je ne l'aurais plus à portée de clic... Oh ma doune que je voudrais être juste à côté de toi pour te consoler et me consoler moi aussi ;o)... Je voudrais voir tes yeux... Lire en eux le courage qu'il t'a fallu pour arrêter la douillette complicité que tu avais tissée avec nous pour tourner une page de ta vie... Je suis fière de toi, fière et émue... Et dis donc, tu vas m'obliger à prendre encore plus vite mon billet d'avion, "hosti d'câlice de tabernak !!" (c'est elle qui m'a appris ces gros mots là ;o) que j'ai pas le droit de les répéter normalement en public... héhéhé)
Ma doune, je te dédie : ce site, ces pages, avec tout mon amour ! Sans toi la Scribouilleuse n'existerait pas, elle a été inventé pour toi "For your eyes only" M'zelle Bond ! Mille baisers... Ta "poulette"...
(Allez relire les deux ans de journal de Dodoune et vous comprendrez vous aussi pourquoi j'en ai fait mon amie !)